Le dioxyde de carbone est une molécule, qui non seulement fait l’objet de nombreux débats d’actualité, mais qui se voit attribuer différentes valeurs monétaires (prix explicite, prix interne, subvention aux énergies fossiles, taxe carbone, … et valeur tutélaire).
Comment concilier ces différents coûts?
Prix explicite, prix implicite, prix négatif et prix interne du carbone
Si certains prix nous sont familiers, d’autres nous semblent plus lointains.
La notion de prix explicite du carbone est liée soit à une taxe définissant un prix de la tonne de CO2 émise, également connu sous le vocable taxe carbone, soit à un système d’échange de quotas d’émission, tel que l’Emission Trading Scheme européen ETS.
Les prix implicites du carbone se rattachent pour leur part aux taxes liées aux combustibles et aux carburants, tels que les accises.
Les subventions et autres aides financières octroyées aux combustibles fossiles sont appelées prix négatifs implicites.
Enfin le prix interne du carbone est une valeur que se fixe volontairement l’entreprise pour internaliser le coût économique de ses émissions de gaz à effet de serre.
Ces différents valeurs monétaires poursuivent des objectifs différents, complémentaires mais parfois contradictoires; pensons par exemple à l’opposition entre la taxe carbone et les subventions aux énergies fossiles.
Par contre, elles ont toutes le mérite d’accorder un coût au CO2, de manière plus ou moins directe.
Valeur tutélaire
La valeur tutélaire du carbone définit également un coût du CO2, mais sous un angle beaucoup plus global.
C’est une valeur de référence qui représente le coût macroéconomique d’abattement du carbone. La valeur tutélaire du carbone n’est pas universelle; elle est propre à un marché économique, elle dépend du niveau d’émissions actuel, des objectifs fixés à moyen et long terme et des coûts prévisibles nécessaires pour atteindre ces objectifs.
La valeur n’est pas fixée par des textes légaux ni par un marché financier. Elle résulte de modèles socioéconomiques qui intègrent les meilleures technologies disponibles ou prévisibles.
La valeur tutélaire permet de juger de la pertinence d’un projet d’investissement, caractérisé non seulement par sa rentabilité financière, mais aussi par sa rentabilité socioéconomique (son coût d’abattement du CO2).
Toute action ayant un coût d’abattement inférieur à la valeur tutélaire, est pertinente pour la collectivité et doit être mise en oeuvre. Par voie de conséquence, si cette action n’offre pas une rentabilité financière suffisante pour l’investisseur, il importe que les autorités prennent les mesures qui s’imposent pour susciter la réalisation de cette action. Les champs d’action possibles sont notamment: la tarification carbone, les subventions à l’acquisition, le partage de risque, les réglementations, le soutien aux innovations.
Une commission d’experts a remis ses conclusions sur les valeurs tutélaires à prendre en compte pour la France: 87 € / t en 2020, 250 € / t en 2030, et entre 600 et 900 € / t en 2050.
La valeur tutélaire du carbone est avant tout, on l’aura compris, un outil d’aide à la décision pour toutes les parties prenantes.
