Energie nucléaire et transition énergétique

L’énergie nucléaire cadre-t-elle avec les principes de développement durable? Doit-elle être un des axes majeurs de la transition énergétique?

Dans son avis publié en octobre, le Conseil Supérieur de la Santé, rappelle à juste titre que « l’énergie nucléaire de fission, telle que développée actuellement, ne peut prétendre satisfaire aux principes de développement durable. En particulier, le CSS estime que la charge des déchets sur les générations futures et les risques d’accident aux conséquences potentiellement catastrophiques devraient conduire à exclure la technologie nucléaire de la taxonomie verte européenne ».

Rappelons qu’une énergie est considérée comme durable lorsqu’elle répond aux besoins actuels sans compromettre les attentes des générations futures. L’évaluation ne porte pas exclusivement sur le respect de critères environnementaux, tels que les émissions de gaz à effet de serre, mais tient également compte d’aspect sociaux ou économiques.
Sans parler du risque d’accident nucléaire, qui ne peut être exclu, il est évident que la gestion des déchets radioactifs n’est pas résolue à ce moment. Est-il éthique de transférer ce risque aux générations futures et de prendre des décisions qui augmentent son importance (ndlr: le volume des déchets augmente de 4 % / GWe . 10 ans).

Sortie du nucléaire

Le rapport du CSS précise qu’il y a des arguments pour et contre la prolongation de deux centrales au-delà de 2025 (pour mémoire, il s’agit de Doel 4 et Tihange 3, d’une puissance totale de 2 GWe).

Sans lister tous les risques (ndlr: le lecteur intéressé se tournera vers le rapport), épinglons:

  • le risque d’accident nucléaire est toujours présent
  • le risque « de freiner ou repousser à plus tard l’important effort industriel de transition, de développement massif des énergies renouvelables et de développement décentralisé du réseau électrique ».

Le CSS rappelle également l’importance « d’investir dans le domaine du stockage de l’énergie , de la gestion du réseau, de l’interconnexion, du développement de la filière hydrogène et de la durée de vie et du recyclage des biens de consommation critiques pour les matières premières.

Le CSS rappelle aussi que la plus grande partie des émissions de CO2 provient, non pas de la production d’électricité (à peine 14 % du total) mais du chauffage des bâtiments », du transport, de l’industrie lourde (pétrochimie, sidérurgie) et de l’agriculture et de l’élevage intensifs.
A titre illustratif, entre 1900 et 2019, les émissions du transport ont augmenté de 24 % et celles liées aux bâtiments dans le secteur des services de 33 %.

Le rapport souligne que la capacité de modulation des deux derniers réacteurs reste nettement inférieure à celle des centrales à gaz à cycle combiné, ce qui est préjudiciable à l’injection sur le réseau de l’électricité produite par les énergies renouvelables.
Rappelons également que le rendement énergétique des centrales nucléaires est beaucoup plus faible que celui des centrales TGV (35 % versus 63 %).

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